Le Chili est un pays merveilleux, d’une diversité infinie et un terrain de jeu formidable pour la culture de la vigne. C’est ici que la Carmenere a trouvé son meilleur terroir. Longtemps passée pour une usurpatrice, la Carmenere qui a longtemps été confondu pendant des siècles avec le Merlot, est aujourd’hui le cépage emblématique du pays.
La Carmenere, un cépage apparu grâce à la foi
La viticulture au Chili débute au XVIe siècle autour de Santiago, lorsque sont plantées des vignes importées d’Espagne. Mais la couronne Espagnole ne voulant pas concurrencer ses propres vins, va taxer les viticulteurs Chiliens, mettre en place toute une série de restrictions, d’interdictions, et refuse des licences de plantation. Cela aura pour conséquence de limiter considérablement le développement des vignobles.
Il faudra attendre le début du XIXe siècle, et l’indépendance du Chili pour que la viticulture fasse un bond. Une fois libérés du joug des Espagnols, et du système colonial qui imposait de planter uniquement des plants espagnols, les viticulteurs chiliens vont chercher en Europe, et notamment en France, de nouveaux plants avec lesquels ils renouvèleront un tiers du vignoble.
C’est Don Silvestre Ochagavía, un homme politique, écrivain amoureux de la culture sous toutes ses formes qui ramenera au XIXe siècle des plants de France: le Grande Vidure, mieux connu sous le nom de Carmenere. Suite à des études sur le vin en Europe, il fonda sa cave « Viña Ochagavía » en 1851 et devient le premier viticulteur important au Chili. On lui doit en partie la survie de la Carmenere.
La Carmenere fait parti de la famille des Carmenets, au même titre que le Merlot, Le Cabernet franc, le Cabernet Sauvignon ou le Petit Verdot. Les Carmenets seraient originaires du Pays Basque Espagnol, et auraient traversé les Pyrénées au Moyen Âge avec les pèlerins qui revenaient de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il y a une corrélation indéniable entre les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et les zones géographiques où apparait en France le Fer Servadou, un cousin du Cabernet Franc. Ce dernier par croisement intraspécifique avec le gros cabernet donnera naissance a la Carmenere.
Carmenere, la desaparecida
Utilisé depuis des centaines d’années dans les assemblages de vins à Bordeaux, plus précisément dans le Médoc, la Carmenere y disparait quasi entièrement suite aux ravages de l’attaque de Phylloxéra qui eut lieu au XIXe siècle.
Quand Bordeaux bourgeonnera de nouveaux avec le Cabernet Sauvignon, personne ne se souviendra plus d’elle, et on la croira disparue à tout jamais. Mais coincés entre l’Océan Pacifique, le désert d’Atacama et la Cordillère des Andes, les vignobles chiliens sont avec ceux de Chypre, les seuls au monde à avoir étés épargnés par le phylloxéra. La Carmenere y a donc été préservée.
Ne comprenant pas que certains pieds de Merlot mûrissent deux semaines après les autres, Claude Valat, un professeur œnologue de l’université de Montpellier, qui était en train de se balader dans le domaine Carmen dans la vallée de Maipo émet en 1991, des doutes sur le fait que ces plants soient bien du Merlot. Des différences sur les feuilles et sur les baies sont perceptibles mais il faudra attendre 1994 et une série de tests ADN pour que l’ampélographe Jean-Michel Boursiquot l’identifie formellement. La nouvelle éclate : On a retrouvé la Carmenere !
L’Argentine a son Malbec, désormais le Chili a son Carmenere
Mais cela implique également un gros travail en perspective pour séparer la Carmenere du Merlot… Des domaines vont dès lors tout mettre en place pour restructurer les parcelles et pouvoir travailler la Carmenere en mono-cépage pour obtenir des vins très colorés, riches et ronds.
Aujourd’hui le Chili voudrait faire de ce cépage son image de marque.
Malheureusement certains se permettent encore de vendre des cuvées Merlot qui sont en réalité un assemblage avec la Carmenere, et qui donne des vins verts et végétaux.
Avec 8827 hectares de Carmenere exploitées au Chili, ce cépage représente environ 10% de la superficie total des vignes chiliennes.
Lorsqu’elle est récoltée bien mûre, la Carmenere offre des arômes de fruits noirs, de fumée, de cacao, de cuir et de tabac. Lorsqu’elle est récoltée moins mûr on retrouve une dominante de poivron vert et d’herbacés. Ses vins sont très colorés, aux reflets violacés, assez riche, tannique avec souvent une grande persistance aromatique. Si on garde ce vin, il développera des notes de champignons et de terre.
Avec des terroirs de production et des styles de vinification différents, la Carmenere offre une large palette aromatique. Certains critiques confirment que la Carmenere en mono-cépage est plus intéressante, plus complexe et moins rigide que le Merlot.
La Carmenere chez terroirsdailleurs.com
Nous avons sélectionné pour vous parmi les plus beaux domaines chiliens, des vins issus de ce cépage que l’on redécouvre depuis peu avec joie…
Ayant tous bénéficié d’une vendange manuelle, ces vins qui expriment différents terroirs chiliens, ont en commun la volonté de leurs producteurs à sublimer ce que la nature leur offre, pour en tirer un vin d’exception qui vous surprendra par sa richesse aromatique.
Issu de sols alluviaux, ce vin 100% Carmenere possède un bel équilibre et des tanins ronds qui en font un vin facile à boire. Sa couleur rubis intense, son nez aux notes de fruits rouges, d’épices et de fumé sont caractéristiques du cépage.
Cette cuvée 100% Carmenere issue de l’agriculture biologique, possède en nez de légères notes de cerises qui viennent subtilement s’équilibrer avec les touches épicées de poivre noir. Les tanins sont ronds et la fraîcheur en bouche offrent une très belle finale.
Les conditions uniques de la vallée de Casablance permettent aux raisins de mûrir lentement, ce qui donne à cet assemblage 38% Syrah – 31% Carmenere – 19% Merlot – 10% Cabernet Sauvignon– 1% Mourvèdre, 1% Malbec, issu de l’agriculture biologique, des arômes intenses de fruits rouges. Une touche épicée sur le poivre noir et le romarin ainsi que des notes de violettes accompagnées par une sensation vanillé s’ajoutent à sa complexité aromatique. La bouche n’est pas en reste, élégante et pleine de caractère, avec des tannins présents mais très soyeux et, une finale fruitée qui rappelle les prunes fraîches. Un grand Vin.
Cet assemblage de 85% Carmenere et 15 % Cabernet Sauvignon qui vient de la vallée de Colchagua est issu de l’agriculture biologique. Une couleur rubis intense, un nez de fraise mûre, d’épices, de poivres et de notes grillées provenant d’un élevage de 12 mois en fûts. Une belle structure, des tanins ronds donnent une bouche soyeuse avec du volume et une finale persistante.
La Ronciere – Cantoalba – Carmenere
Ce 100% Carmenere a pour particularité d’être partiellement élevé dans des fûts de 2eme vin, ce qui lui donne beaucoup de souplesse. Les notes de fruits rouges sont sublimées par ses six mois d’élevage. Le nez est sur le poivre noir et de légéres notes torréfiées apparaissent. La finale est longue et possède une belle persistance aromatique.
Situé dans la vallée de Rapel sue des sols sablo-limoneux légerement en pente, ce 100% Carmenere a une couleur rouge-violet brillante et profonde. Le nez est expressif et intense, avec des arômes de fruits rouges mûrs tels que la prune ou la cerise associés à des notes épicées et poivrées. En bouche un bel équilibre, avec des notes vanillées, qui anonce une finale longue. Une carmenere typique !
Misiones De Rengo – Cuvée Carmenere
Assemblage constitué de 94% Carmenère, 3% Cabernet Franc, 2% Syrah et 1% Malbec. Des terroirs très variés participent à la complexité de ce vin. Sa couleur est rouge brillant et d’une superbe intensité. Son nez de fruits rouges frais est accompagné de notes épicées typiques du cépage. Sa bouche est intense et concentrée avec beaucoup de complexité aromatique. Les tanins sont très élégants, donnant une sensation de grande souplesse à un vin très concentré au niveau aromatique.
Alors, prêts à déguster notre sélection de vin chilien Carmenere?